Palmarès Architecture et Aménagement Limousin 2014

Si le programme est relativement simple et classique, la tâche s’est cependant avérée particulièrement délicate au regard des contraintes liées au caractère exceptionnel du site protégé, à la topographie et aux vestiges archéologiques potentiels.

Afin de préserver l’identité du village, l’aménagement des espaces publics de Turenne est conçu a contrario d’un espace monumental, autour du rapport que ses espaces entretiennent avec le bâti. Il est façonné comme un espace en creux en partant des façades au pied desquelles il vient articuler les fonctions d’accès, de gestion des eaux pluviales, de continuité de cheminement, d’élargissement sous forme de terrasse, de resserrement pour permettre à la voie de présenter un gabarit satisfaisant, de reposoirs… Sur ce principe, l’aménagement pensé autour de la place, étend ses ramifications dans les rues, ruelles et impasses adjacentes.

Sa cohérence est renforcée par l’utilisation d’une palette de matériaux relativement restreinte mais susceptible d’offrir néanmoins un panel de réponses suffisant en termes de caractéristiques mécaniques, esthétiques, financières… Ainsi ont été utilisés alternativement et selon les besoins : dallage de pierre calcaire, des pavés calcaires vieillis, du béton de graviers désactivés ou un mélange terre-pierre. La pierre calcaire retenue est une pierre d’extraction locale qui provient du Lot. Les granulats qui composent les différents mélanges, béton ou terre-pierre, sont également d’extraction locale. Les plantations existantes sont conservées et renforcées en périphérie de la place. Les impasses et quelques autres points font l’objet de plantations plus fournies pour jalonner l’espace public.

La restauration de la tour de Mauriolles s’inscrit d’abord dans un plan général de restauration et de mise en valeur du système défensif de l’ancienne ville de Turenne établi en 2004. Il a été proposé au maître de l’ouvrage d’élargir le projet de restauration de la tour en considérant ses abords pour mener également l’amélioration de l’accessibilité à l’ancienne chapelle des Capucins, la mise en valeur et l’interprétation des découvertes archéologiques, la création d’un accès pour l’entretien à l’escalier en vis, la protection partielle des arases de la tour, la mise en valeur et la découverte du paysage depuis un belvédère. Dans un site magnifique, extrêmement marqué par l’histoire, la maîtrise d’oeuvre a souhaité apporter une réponse architecturale contemporaine forte. La structure métallique a permis de répondre à une volonté de légèreté du belvédère comme posé en équilibre sur l’arase écorchée de la tour. Elle enjambe les vestiges archéologiques et le vide de l’escalier en vis pour venir s’ouvrir sur le grand paysage, offrant une vue à plus de 180° une fois passé le front bâti des anciennes courtines qui surplombent les terrasses. L’émergence n’excède toutefois pas les limites du volume de l’ancienne tour de façon à s’effacer dans le paysage bâti qui compose le pied du château. L’extrémité en angle évoque la géométrie d’une meurtrière disparue. Le choix d’une robe en acier auto-patinable répond au désir d’une teinte rouille qui s’accorde avec le grès rouge de Turenne mais également au souhait d’une variation dans le temps.